La révision : un sujet épineux

Article original en anglais The Thorny Subject of Revisions rédigé par Nikki Graham et publié sur le blog de l’auteur My Words for a Change.

Traduction en français réalisée par Théo Dujardin, étudiant en M2, Master TSM à l’Université Lille3

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Personne n’aime récupérer une de ses traductions truffée de modifications et de commentaires, car cela indique surtout que le client n’est pas satisfait du travail fourni. Une erreur est une erreur ; il faut l’admettre et la corriger. C’est en apprenant de ses fautes que l’on s’améliore et que l’on apprend à ne plus retomber dans les mêmes pièges. Il faut aussi croiser les doigts que les conséquences ne soient pas trop graves et que la relation avec le client ne s’en trouve pas compromise.

Lorsqu’il n’y a, en revanche, aucun problème à signaler, et que le rouge ne met en évidence que des divergences d’opinions subjectives entre traducteur et réviseur, c’est une autre histoire. L’échange qui s’ensuit peut vite se transformer en une joute verbale pour déterminer qui a raison et qui a tort. Au final, comme dans un match de tennis de table, même si l’un des deux camps finit par remporter la victoire, chacun peut tout de même marquer des points au cours de l’échange.

Depuis longtemps, la révision a été un sujet délicat. C’est pour cela que les forums grouillent de messages de traducteurs mécontents qui grincent des dents après que leurs textes ont été édités sans raison valable et auxquels on a apporté des « modifications injustifiées ». J’ai souvent été amenée à travailler d’un côté comme de l’autre, et en tant que réviseur, des « modifications injustifiées », j’en ai faites un certain nombre, car mon but a été et sera toujours de fournir au client final le meilleur rendu possible de son texte. Pour ce faire, il est parfois nécessaire de modifier quelques éléments çà et là pour que le texte soit plus fluide.

La révision devrait être appréhendée comme un travail collaboratif

Il est infiniment préférable que ces modifications aient lieu dans un esprit de coopération. L’agence devrait envoyer une copie du texte révisé au traducteur original, qui serait libre d’approuver (ou non) les modifications avant d’envoyer la traduction au client final. Or de nos jours, nombreuses sont les agences à sauter entièrement cette étape ; elles se contentent de donner au traducteur une copie révisée à titre purement informatif, ou pour justifier qu’il sera moins payé après que le texte a été livré au client final et qu’il est trop tard pour donner son avis quant aux modifications apportées.

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Je peux comprendre pourquoi certaines agences ne laissent pas le traducteur donner son opinion quant à la révision. Parfois, il n’y a malheureusement pas le temps pour que traducteur et réviseur se renvoient la balle. Dans d’autres cas, la révision n’est qu’une étape que l’on sous-traite histoire de pouvoir cocher la case « contrôle qualité » d’une check-list, sans se préoccuper véritablement du résultat final. Autre possibilité : certaines agences sont peut-être lasses d’avoir affaire à des traducteurs grognons incapables d’accepter l’idée que le fruit de leur travail puisse être amélioré et qui estiment qu’ils doivent contester la moindre modification qu’apporte le réviseur afin de prouver leur valeur. Malheureusement, ce comportement est souvent la conséquence directe du fait que certaines agences vont les payer moins si une « erreur » est repérée dans un texte. C’est un cercle vicieux.

La langue est telle qu’une seule et même personne ne peut avoir toutes les réponses

Si une agence ne donne pas de droit de regard au traducteur quant aux modifications, elles placent toute leur confiance en une seule personne. Cependant, la langue est telle qu’une seule et même personne ne peut détenir toutes les réponses. Une erreur ou une phrase un peu bancale ne signifie pas pour autant que le texte entier soit mauvais, ni que l’avis du traducteur (qui a une bien meilleure connaissance du texte après le travail de recherche qu’il a dû effectuer pour pouvoir traduire) ne compte plus.

D’une part, lorsque je mets ma casquette de réviseur, j’indique souvent aux agences que j’estime que le traducteur a fait du bon travail, quand bien même j’y ai apporté des modifications. La principale raison est que je n’ai pas envie qu’elles aient une mauvaise impression sur cette personne et ne fassent plus appel à elle à l’avenir. D’autre part, lorsque je reçois une de mes traductions révisées, j’accepte généralement tous les changements sans chercher à me plaindre, sauf dans les cas où la qualité du texte s’en est retrouvée appauvrie. La vie est trop courte, il faut accepter que chacun a son propre style, que l’on affectionne particulièrement certaines phrases et expressions tandis que l’on évite coûte que coûte d’utiliser certaines autres ; en d’autres termes, que chacun dispose de ses propres critères qui déterminent qu’un texte sonne bien ou non.

L’objectif devrait être de satisfaire le client

L’objectif commun de tous les acteurs du projet, à savoir l’agence, le PM, le traducteur, le réviseur, le deuxième éditeur (le relecteur, s’il y en a un), le département de la DTP, etc., devrait être axé sur la satisfaction du client, ce qui implique généralement de fournir la meilleure traduction possible de leur texte dans la langue source. D’après moi, c’est uniquement en travaillant de concert qu’il est possible d’atteindre cet objectif ; en d’autres termes, être une équipe plutôt que des individus qui cherchent sur qui rejeter la faute dès que quelque chose tourne mal.

 

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Ce billet a initialement été publié sur un blog de Nikki Graham le 14/11/2013.

 

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